[ti:Croque] [ar:Thomas Fersan] [al:] [00:12.94]Quand je rentre à la maison, elle me dit souvent [00:15.42]Que j'ai une tête d'enterrement et elle a raison. [00:17.91]Je travaille au cimetière, c'est incontestable. [00:20.56]Je laisse ma tête au vestiaire et je me mets à table. [00:25.93]Faut pas se laisser abattre, j'ai une faim de loup. [00:28.27]Moi, je mange comme quatre et je bois comme un trou. [00:30.71]Puis je retourne au cimetière travailler de mon mieux [00:33.20]Digérer mon pot de bière et mon croque-monsieur. [00:38.39]Pendant l'oraison du prêtre, j'ai un petit creux [00:43.16]Moi, je pense à ma cotelette, à mon pot-au-feu. [00:48.34]Aux premières couronnes de fleurs, j'ai déjà la dent [00:53.61]C'est mon estomac qui pleure à chaque enterrement. [01:08.95]Comme un coté du cimetière est inhabité [01:11.34]J'ai planté des pommes de terre dans l'intimité. [01:13.88]Et dans ma jaquette noire, entre deux services [01:16.52]Je donne un coup d'arrosoir et je cours à l'office. [01:21.54]Je gratte, je bine et je bêche, quelle heureuse surprise [01:24.08]Quand je trouve un ver pour la pêche, je range ma prise [01:26.47]Dans une bo?te en fer-blanc, le temps est superbe. [01:29.11]Voilà un coin épatant pour déjeuner sur l'herbe. [01:34.23]à présent qu'a sonné l'heure, l'heure du goupillon [01:38.91]Je pense à mes pommes vapeur, à mon court-bouillon. [01:43.34]Et quand tombent les premières gouttes sur mon haut-de-forme [01:47.37]C'est mon ventre qui glougloute, mon ventre qui grogne. [01:57.79]Parfois je croque un oignon, parfois une gousse d'ail. [02:14.10]Parfois même un champignon est une victuaille. [02:18.03]Il faut faire avec, ce n'est pas copieux [02:19.96]Car ces oraisons du prêtre, on n'en voit pas la queue. [02:23.53]Le vent chasse les nuages, c'est providentiel. [02:27.09]Un grand disque de fromage tourne dans le ciel. [02:28.53]La faim me monte à la tête, j'avale mon chapeau [02:30.97]Un bouton de ma jaquette et un pauvre mulot. [02:36.25]Je me sens pas dans mon assiette, je vais rendre l'ame [02:41.83]Quand je pense à mes paupiettes, à mon croque-madame. [02:44.25]Ca fait trop longtemps que ca dure, je m'allonge un peu [02:48.83]Sur le tapis de verdure et je ferme les yeux. [03:01.54]Ca fait trop longtemps que ca dure, je m'allonge un peu [03:06.10]Sur le tapis de verdure et je ferme les yeux