— Maman ! Maman ! Tu peux m'emmener un petit déjeuner avec du chocolat et des croissants ? — J'arrive ! Et je reste à la baraque — Papa ? — Ouais. — T'as pas 50 euros pour sortir ce soir ? — Alors là, fiston, tu peux cracher ! J'ai envie de rien faire — Tiens, c'est pas grave. T'façon là j'suis sur un plan. Avec Bruno, on va monter une boîte, une start-up... La vie c'est trop difficile — ... T'es trop vieux pour savoir c'que c'est. Mais quand j'serai à Silicon Valley, bah t'entendras plus parler d'moi. Génération t'inquiète — Une boîte ? Du silicone ? Il va devenir pédé le con. Viviane ! Aketo : Qu'est-ce qu'on est bien à la baraque, putain T'es aux p'tits soins chez la mama, téma Le grand dadais que t'es à l'âge que t'as C'est là que t'as poussé, t'es pas pressé Génération Tanguy C'est la trente-cinquième année que t'enquilles Sous ce toit, secoue-toi, tu vas pas squatter là toute ta vie Trouve une racli, trouve un taf, l'ami Car le temps passe, toi t'es là, tu traînes avec les p'tits de la tèce Tu fumes ta dièse, tu tises ta seize T'es un vrai souci Toujours pépé, tu nous rends oufs avec tes story Tu joues l'an-ience, mais t'es toujours en ien-che T'amuses la galerie, tu nous fais gole-ri Tu joues l'grossiste mais t'es une grosse pince Y a aussi les meufs à la recherche d'un mari Trente piges passées faut à tout prix s'caser Car c'est pas une vie Toi t'es toujours à la zon-mai, ma fille Trente piges passées faut à tout prix s'casser Car il faut faire sa vie Un passé mouvementé, un CV bien épais Ton nouveau mec est pas au courant de ton casier Tu fais ta précieuse Arrête de faire croire que t'es sérieuse Tape pas ton vice, on t'a cramé Et tu restes à la baraque — Viviane, si... si on n'remplit pas les fiches de leurs milliards d'impôts avant le mois d'février nous sommes dans la merde... J'ai envie de rien faire — ... Il faut qu'on fasse quelque... Jérémie ! Tu veux prendre mon coup de'pied au cul ? — Oh ! C'est bon, quoi ! J'suis majeur et vacciné. La vie c'est trop difficile — Majeur et vacciné, ça fait 18 ans qu'tu l'es, mon vieux, alors tu dégages dans ta chambre ! — Non, mais attends... — Tu dégages dans ta chambre ! Génération t'inquiète — Mais j'ai rien fait... j'ai rien fait de mal. Maman, j'ai rien fait de mal. — Tu dégages dans ta chambre, Jérémie ! Blacko : J'vous présente Tanguy, un man qui s'ennuie Le p'tit fils de sa maman ne fait rien dans sa vie Il est toujours enfermé dans sa chambre Hiver comme été, de janvier à décembre Il n'aime pas tafer, non il trouve ça trop dur Il en bave déjà quand il sort les ordures La vie l'a trop marqué, ouais ça se lit sur sa figure Le chéquier de ses parents est son ami le plus sûr Sans quitter sa piaule, il visite d'autres planètes Il clique, il clique, il surfe sur Internet Sa maman est gentille, elle lui monte une p'tite assiette Il clique, il clique et ça clique dans sa tête Il a des meetic techniques, il tchatte, il communique Il a une jolie femme perdue loin dans le Pacifique Le micro c'est trop pratique, la webcam c'est magnifique Il envoie ses smileys et wizz, MSN c'est magique Pourquoi mettre le nez dehors, chez lui y a tout c'qu'il faut La chaleur et l'réconfort, ses yeux brillent devant l'frigo Il a une salle de sport, et ses jeux vidéo C'est un coq en pâte, un vrai roi dans l'château Et tu restes à la baraque — Jérémie ! — Ouais p'pa. — J'ai une bonne nouvelle. J'ai parlé avec mon patron et je t'ai dégoté une p'tite embauche... J'ai envie de rien faire — ... Bon, c'est d'la métallurgie, mais t'es le fils de ton père. — Ah non, non ! — Comment ça non ? — J'suis pas d'accord. — Jérémie... — Moi, ma vocation c'est être artiste... La vie c'est trop difficile — ... J'veux devenir chanteur. J'veux faire rêver les gens. Moi, j'me vois déjà en haut d'l'affiche... Génération t'inquiète — ... et quand tu me parles de sidérurgie, ben tu me casses. Franchement, mon trip. — J'vais t'casser franchement. Ta gueule, tu vas voir comment il s'appelle ton père. Tunisiano : Génération Tanguy, assisté, quand je t'en parle tu rougis Scotché à la té-ci, t'as toujours pas bougé Ça fait trente ans que ça dur car tu tiens sur les murs tout le temps Du livre d'histoire t'as viré au monument On peut t'trouver sur le parking, posté à la fenêtre À parler à la voisine ou accoudé aux boîtes aux lettres Toi, tu es accro, ton PC te passionne Tu as passé la bague au doigt à ta PlayStation Tu joues le mec dé-blin mais tu touches le RMI Tu joues le mec autonome mais t'as même pas de permis Enfin, prends-toi en main, mais toi tu fais que dalle Tu m'dis « T'inquiète ! Hé, maman, t'as pas 100 balles ?  » Et y a les Bridget, mec, toujours pas qué-ma Reinezettes qui rêveraient de se rié-ma Miss, t'as sorti la permanente, le maquillage permanent Tu veux être belle en permanence, mais t'as pas d'mec permanent Pleine de principes avec les mecs, hashek T'aimes pas les discothèques, ben drague à la bibliothèque Mais faut qu't'arrêtes, insatisfaite et râleuse T'en veux aux mecs parce qu'en fait t'es malheureuse Et tu restes à la baraque — Bon, Jérémie, y en a marre ! Il est temps qu'tu t'assumes. J'te laisse 30 minutes... — Je t'en prie papa ! — Non... J'ai envie de rien faire — ... J'te laisse 30 minutes et tu vides tes affaires et tu t'en vas. — Papa, laisse-moi au moins une chance ! — Une chance ? La vie c'est trop difficile — Ouais ! — Une chance... — S'te plaît ! — J'vais t'en foutre une de chance ! Petit con, va ! — Maman ! — Y a pas de Maman... Génération t'inquiète — ... et Viviane, j'te préviens. C'est soit il se barre ou je me barre. P'tit con, va !