[00:19.000]C'est l'heure où la nuit fait avec l'aube son troc [00:38.000]Dans un pays lugubre, en sa plus morne zone [00:47.000]Précipité, profond, massif comme le Rhône [01:03.000]Un gave droit, muet, huileux, mou dans son choc [01:16.000]Sol gris, rocs, ronce, et là, parmi les maigres aunes [01:22.000]Les fouillis de chardons, les courts sapins en cônes [01:28.000]Des corbeaux affamés qui s'abattent par blocs ! [01:34.000]Ils cherchent inquiets, noirs dans le blanc des rocs [01:44.000]Tels des prêtres, par tas, vociférant des prônes [01:59.000]Ils croassent, et puis, ils sautent lourds, floc, floc ! [02:15.000]Soudain, leur apparaît, longue au moins de deux anges [02:27.000]Une charogne monstre, avec l'odeur ad hoc !... [02:39.000]Ils s'y ruent ! griffes, becs taillent [02:47.000]Acharnés jusqu'au soir, depuis le chant du coq [02:54.000]Ils dévorent goulus la viande verte et jaune [03:00.000]Dont un si bon hasard leur a fait large aumône [03:09.000]Puis, laissant la carcasse au nette qu'un soc [03:18.000]Se perchant comme il peut, tout de bric et de broc [03:36.000]Se perchant comme il peut, tout de bric et de broc [03:44.000]Dans un ravissement que son silence prône [03:49.000]Au dessus du torrent, le noir troupeau mastoc [03:53.000]Immobile, cuvant sa pourriture, trône [03:58.000]Sous la lune magique aux deux cornes de faune